Haro sur les contrats aidés !

par Jean-Michel Dumay – Le Monde Diplomatique

Source : Monde Diplomatique

Victimes du budget 2018, les contrats aidés devraient voir leur nombre sensiblement réduit en France, au motif qu’ils seraient coûteux et inefficaces en matière d’insertion professionnelle et de lutte contre le chômage. Or, non seulement les études ne corroborent pas ce jugement, mais la réaction des élus locaux et des associations témoigne de l’utilité de ces postes, dont certains mériteraient d’être intégrés à la fonction publique.

En cet été 2017, le gouvernement a décidé de baisser drastiquement le nombre de contrats aidés, ces emplois subventionnés officiellement destinés à insérer dans le marché du travail les personnes qui en sont les plus éloignées — jeunes, non-qualifiés, chômeurs de longue durée. Les crédits qui leur sont attribués ont été ramenés de 2,4 milliards d’euros à 1,4 milliard dans le projet de loi de finances 2018, soit une baisse de plus de 40 % par rapport à 2017. De quoi financer 200 000 contrats, contre 320 000 un an plus tôt et 450 000 en 2016.

La décision a immédiatement suscité de vives réactions, notamment des collectivités territoriales et du milieu associatif, très consommateurs de ces emplois, ainsi que de l’opposition de gauche, qui a dénoncé un vaste « plan social » à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Pour la ministre du travail Muriel Pénicaud, les contrats aidés sont « extrêmement coûteux pour la nation, pas efficaces dans la lutte contre le chômage et ne sont pas un tremplin pour l’insertion professionnelle  ». Une triple affirmation soit erronée, soit à relativiser fortement, qui élude de plus une question : comment expliquer la pérennité de ces contrats qui, malgré les critiques récurrentes, perdurent depuis plus de trente ans ?

Créés en 1984, et régulièrement remaniés, les contrats aidés recouvrent une pluralité de dispositifs qui bénéficiaient, fin 2016, pour un quart au secteur marchand (surtout des très petites entreprises du secteur tertiaire) et pour trois quarts au secteur non marchand (principalement des associations, mais aussi des établissements publics et des collectivités). Historiquement, ces contrats visaient trois objectifs : réduire le chômage des jeunes, améliorer l’employabilité des bénéficiaires et répondre à des besoins collectifs non satisfaits.

Un emploi aidé coûte 12 853 euros, contre au moins… 280 000 euros pour un emploi créé ou sauvegardé par le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE)

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